Natalia Calderón
Les questions de surveillance et des dispositifs de contrôle social, on ne peut plus d’actualité, appellent à ce qu’on les lise dans une perspective de temps long. Des cartes d’identité au XVIIIe aux caméras de « vidéoprotection » de notre époque, nous tenterons de comprendre en quoi le contrôle des populations par leur identification singulière via divers dispositifs - qui n’ont cessé de se décliner au fil du temps - reste constitutif de la genèse et du fonctionnement des États modernes. Ce contrôle s’incarne dans la gestion de données de plus en plus volumineuses (d’où l’appellation Big Data), et dont la collecte et l’usage, jadis prérogative étatique, se sont vu confiés ou délaissés à des acteurs tels que multinationales de l’informatique ou des sous-traitants de l’État. Si cette pensée algorithmique a toujours été présente dans la gestion de la cité, sa présence sans précédent nous invite à interroger ce bouleversement de l’ordre politique où l’algorithme prend le dessus sur le débat public. Nous nous intéresserons à la collecte et à l’usage de ces données dans une perspective juridique, mais également à partir d’une approche éthique. Il sera donc question d’apporter les éléments pour penser la distinction entre ces deux registres dont la juxtaposition ne va pas de soi et ainsi pourrons-nous en explorer les interstices. Enfin la dernière ambition de ce cours sera de présenter de façon succincte des pratiques de collectifs et associations qui tentent de répondre aux dilemmes posés par l’éthique dans un contexte où la légalité semble s’y opposer.