EC – Rapports sociaux de classe et cultures ouvrières (15 h, 3 ECTS)


Alexander Neumann

Aujourd’hui, les classes populaires représentent la majorité absolue des salariés en France : un actif sur quatre est ouvrier (en majorité des hommes), rejoint par le groupe des employées (en majorité des femmes) et des précaires. Comment est-ce possible que ce fait central soit manifestement minoré dans les discours et imaginaires ?
Le cours débutera par des exemples contemporains de cultures ouvrières, à partir de nos propres enquêtes en Allemagne de l’Est, en Tunisie et en France. Nous interrogerons ensuite une vidéo du sociologue Pierre Bourdieu qui évoque l’omniprésence de la culture bourgeoise. En contre-champ, nous aborderons les expériences de Marcel Martinet et sa culture prolétarienne. Les classes ne se font jamais sans culture, contre-culture et résistances. Cela permettra d’amorcer les conceptions historiques et les conceptualisations actuelles des rapports sociaux de classe, afin de comprendre la différence entre prolétariat, classe ouvrière et salariat. L’exemple des usines Peugeot à Sochaux sera discuté de manière contradictoire et dialectique, à l’aide de différents auteurs sociologiques, et en présence d’un connaisseur des lieux.
Quatre grands courants d’idées en sciences sociales seront exposés et nous serviront de fil rouge pour saisir la réalité des rapports de classe : l’analyse de classe de Karl Marx et des marxistes critiques (Pierre Naville et al.) ; la recherche sociale de l’Ecole de Francfort (Sigfried Kracauer, Erich Fromm, Oskar Negt) ; la sociologie critique et l’ethnographie ouvrière (inspirées de Pierre Bourdieu) ; le féminisme prolétarien (Virginie Despentes, Fanny Gallot) ou post-bourgeois (Nancy Fraser).